Partager
Certains traitements antiparkinsoniens peuvent déclencher des comportements sexuels problématiques.‌ Un arbre décisionnel simple peut aider à mieux les repérer et les prendre en charge.‌
 ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌
 
🧠 Aujourd’hui, c’est la JournĂ©e mondiale de la maladie de Parkinson. L’occasion de rappeler que cette pathologie ne se limite pas aux tremblements ou aux troubles moteurs : elle affecte aussi profondĂ©ment la vie intime.

💬 HypersexualitĂ©, comportements compulsifs, baisse du dĂ©sir, troubles de l’érection ou de l’orgasme… La sexualitĂ© des personnes vivant avec la maladie de Parkinson est souvent bouleversĂ©e, et pourtant rarement abordĂ©e.

⚠️ Certains traitements dopaminergiques peuvent induire de véritables comportements sexuels problématiques, sources de mal-être, de conflits conjugaux, voire de perte d’autonomie. Pourtant, ces situations restent sous-dépistées, mal comprises, parfois jugées.

💡 Une Ă©quipe israĂ©lienne propose un outil simple pour aider les professionnel·les Ă  y voir plus clair : un arbre dĂ©cisionnel pour Ă©valuer, diffĂ©rencier et mieux accompagner ces comportements.

Dans cette édition spéciale, découvrez :

📌 Les mĂ©canismes en jeu dans les troubles sexuels liĂ©s Ă  la maladie de Parkinson
📌 Les quatre grands types de comportements sexuels problĂ©matiques
📌 Un outil clinique pour vous guider dans l’évaluation et la prise en charge

🚀 Bonne lecture !

Répondez à ce mail pour nous dire que vous l'avez bien reçu, !


A cause des filtres anti-spams, beaucoup de mails sont signalés comme « non-reçus »... Pour éviter cela, nous vous demandons de tout simplement répondre à ce mail, afin de nous dire que vous l'avez bien reçu.

C'est Ă  faire une seule fois... et ensuite on vous laisse tranquille, promis :D

Merci d'avance :) !


S'abonner Ă  la Sexo'lettre

Pour vous abonner à la Sexo'lettre, notre Revue de Presse autour de la santé sexuelle, remplissez le formulaire suivant :
Continuer à recevoir des actualités en santé sexuelle

Vous trouvez ce mail intéressant ? Pour recevoir toutes nos publications en lien avec la santé sexuelle et les journées mondiales de santé, cliquez ici (vous pourrez changer d'avis et vous désabonner à tout moment).
Comment prendre en charge les comportements sexuels problématiques dans la Maladie de Parkinson ?

La Journée Mondiale de la Maladie de Parkinson a lieu chaque année le 11 avril dans le but d'aider le grand public à mieux comprendre la maladie, son fonctionnement, le rôle des traitements, les aides, les bonnes pratiques qui permettent d’améliorer le parcours de soins et plus largement le parcours de vie.



Si les troubles de la fonction sexuelle sont largement reconnus et étudiés dans la Maladie de Parkinson, l'hypersexualité est un effet secondaire de la maladie et de ses traitements qui est moins connue.



A l'occasion de cette Journée qui a eu lieu hier, voici un article sur la prise en charge des comportements sexuels problématiques liés à la maladie de Parkinson : comment les dépister, comment les différencier, comment les prendre en charge ?


Les dysfonctions sexuelles font partie des symptômes non moteurs fréquents de la maladie de Parkinson[1] .

La sexualité peut être perturbée de multiples façons : directement par la maladie elle-même ou ses comorbidités, mais aussi indirectement par les traitements médicamenteux, par les conséquences générales liées à toute pathologie chronique (fatigue, faiblesse musculaire, mobilité réduite, troubles de la concentration), ou encore par des facteurs psychosociaux comme la dépression, l’anxiété, une altération de l’estime de soi, de l’image corporelle, ou des difficultés relationnelles[2][3][4] .

De nombreux hommes et femmes atteints de la maladie déclarent ainsi une insatisfaction sexuelle marquée[5][6][7][8] . Dans une étude conduite auprès de personnes vivant avec la maladie, les dysfonctions sexuelles ont été classées au 12e rang des 24 symptômes les plus gênants[9] .

Les difficultés sexuelles rapportées se regroupent autour de deux grands axes : d’une part, une altération de la fonction sexuelle (diminution du désir, troubles de l’érection, difficultés à atteindre l’orgasme), et d’autre part, une augmentation de la préoccupation sexuelle, parfois marquée par des comportements compulsifs ou une hypersexualité[10][11] .

Si les troubles de la fonction sexuelle sont aujourd’hui bien identifiés dans le cadre de la maladie de Parkinson, les troubles du contrôle des pulsions, comme l’hypersexualité, restent en revanche moins connus du grand public comme de certains professionnels.

Alors que certaines équipes anglo-saxonnes intègrent désormais la sexothérapie dans la prise en charge globale des personnes atteintes de la maladie de Parkinson[12] , cette approche reste encore marginale dans de nombreux contextes cliniques.

Pourtant, les professionnels de santé travaillant auprès de cette population sont régulièrement confrontés à des comportements sexuels problématiques, qui prennent souvent la forme d’un désir sexuel accru, parfois à la limite de l’obsession. Si la manifestation clinique semble similaire — un intérêt sexuel inhabituellement intense — les étiologies sous-jacentes peuvent, quant à elles, être très différentes.

On peut distinguer quatre grandes catégories de comportements à visée sexuelle problématique chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson :

    ● des préoccupations sexuelles liées à une dysfonction sexuelle sous-jacente, pouvant générer anxiété ou focalisation excessive ;
    ● une discordance de désir avec le ou la partenaire, notamment après la réapparition d’un désir sexuel précédemment émoussé ;
    ● une hypersexualité ou des comportements sexuels compulsifs, en lien possible avec les traitements dopaminergiques ;
    ● des troubles du comportement sexuel associés à un syndrome d’excitation génitale persistante (PGAD), beaucoup plus rarement évoqué mais potentiellement déstabilisant.

La capacité à différencier ces quatre profils, à en comprendre la dynamique propre et l’étiologie, constitue un levier essentiel pour adapter la prise en charge. Elle permet d’ajuster finement les interventions, qu’elles soient pharmacologiques ou non, et d’apporter un soutien pertinent tant aux personnes concernées qu’à leurs partenaires.


Comportements sexuels problématiques dans la maladie de Parkinson : mieux comprendre pour mieux accompagner

Chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson, les comportements sexuels problématiques peuvent prendre différentes formes, et ne relèvent pas tous de l'hypersexualité à proprement parler. Une analyse fine de ces comportements et de leurs causes est indispensable pour adapter la prise en charge.


Les préoccupations sexuelles liées à une dysfonction sexuelle sous-jacente


Les dysfonctions sexuelles sont fréquentes dans la maladie de Parkinson. Elles peuvent être liées aux symptômes moteurs ou non moteurs de la maladie, aux traitements associés (notamment certains antidépresseurs), ou à des comorbidités telles que le diabète ou les maladies cardiovasculaires.

Les dysfonctions les plus fréquemment rapportées incluent la dysfonction érectile et l’éjaculation précoce chez les hommes, ainsi que des difficultés orgasmiques chez les hommes et les femmes[13] . Ces troubles sont responsables d’une insatisfaction sexuelle importante : deux tiers des hommes et un tiers des femmes ayant des troubles de la statique pelvienne déclarent en souffrir[14] .

L’échec répété des rapports sexuels peut générer frustration et anxiété. Certaines personnes atteintes de la maladie de Parkinson s’obstinent à rechercher une expérience sexuelle « réussie », quitte à multiplier les tentatives. En cas d’orgasme non atteint, elles peuvent développer une préoccupation persistante autour de la sexualité : surinvestissement de la problématique, recherche de traitements divers, parfois non médicaux[15] .

Ce comportement peut être à tort interprété comme de l’hypersexualité. Il s’agit pourtant d’une tentative inefficace – mais compréhensible – de faire face à une dysfonction sexuelle sous-jacente. Une clarification s’impose souvent dès la première étape de la prise en charge : expliquer à la personne et à son ou sa partenaire ce qui se joue réellement.

Un accompagnement sexologique peut alors être proposé, incluant un repérage précis de la ou des dysfonctions et une orientation vers les spécialistes concernés (urologues, neurologues, sexologues…). La réduction de la souffrance sexuelle passe souvent par une amélioration ciblée de la fonction sexuelle.

Les sexologues peuvent également proposer des ajustements pratiques adaptés à la maladie de Parkinson, tels que :

    â—Ź varier les positions sexuelles pour compenser les limitations motrices ;
    ● programmer les rapports aux moments les plus favorables (au pic ou à distance de l’effet du traitement) ;
    ● favoriser les préliminaires par le toucher sensoriel avec des huiles ou des lotions, notamment en cas de tremblements ou de raideur ;
    ● attendre 2 à 3 heures après la prise d’IPDE5 (comme le sildénafil ou le tadalafil) pour maximiser leur efficacité[16] ;
    ● envisager une « fenêtre thérapeutique » de 24 à 48 heures sans ISRS (antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine) pour limiter leurs effets négatifs sur l’orgasme[17] .

Les autres professionnels de l’équipe soignante peuvent également amorcer la discussion avec la personne, seule ou en couple. Des documents écrits peuvent également servir de support à la réflexion et faciliter la communication intime. Plusieurs études soulignent que ces supports aident les couples à mieux verbaliser leurs difficultés sexuelles[18] .


Divergence du désir sexuel avec le partenaire après le rétablissement du désir

Chez certaines personnes atteintes de la maladie de Parkinson, on observe une reprise du désir sexuel sous traitement dopaminergique. Une étude rapporte ainsi qu’environ 8,8 % des patients traités par agonistes dopaminergiques déclarent un regain d’intérêt pour la sexualité[19] .

Ce retour du désir est souvent bien vécu par les hommes, qui y voient un signe de vitalité retrouvée, voire une « renaissance ». Pourtant, ce changement peut générer un décalage au sein du couple.

Certaines partenaires, en particulier lorsqu’elles sont investies dans un rôle d’aidante, rapportent au contraire une baisse de leur propre désir. Ce phénomène est documenté : la charge mentale liée à l’accompagnement de la maladie peut déclencher une dépression chez les aidants[20] , et l’on sait que la dépression est fréquemment associée à une diminution du désir sexuel[21] .

Ce décalage a été conceptualisé sous le terme de divergence du désir sexuel individuel : il désigne l’écart entre la fréquence sexuelle souhaitée par une personne et la fréquence réelle au sein du couple[22] . Une étude menée auprès de 1 054 couples mariés a montré que cette divergence est associée à une moindre satisfaction conjugale, une communication réduite et davantage de conflits[23] .

Dans le contexte de la maladie de Parkinson, cette divergence est souvent mal interprétée : par les partenaires comme par les soignants, le regain de désir est parfois perçu comme de l’hypersexualité ou un comportement compulsif. Or, il s’agit avant tout d’un déséquilibre de rythme et d’envie dans la relation.

Une prise en charge adaptée commence par une explication claire de cette dynamique : ce décalage est fréquent, compréhensible, et ne traduit pas nécessairement une pathologie comportementale. La communication entre les partenaires doit être favorisée, y compris à l’aide de supports écrits ou de consultations conjointes.

Il est déconseillé de modifier prématurément le traitement dopaminergique, car cela pourrait dégrader l’état moteur ou général du patient. Des approches complémentaires – sexothérapeutiques, conjugales ou psychologiques – peuvent aider à réduire la tension et prévenir une escalade des conflits.

Enfin, dans les cas où la souffrance persiste malgré les explications, une orientation vers des professionnels spécialisés (sexologues, thérapeutes de couple ou psychologues) est indiquée. La thérapie cognitivo-comportementale peut contribuer à restaurer une dynamique relationnelle plus apaisée, en diminuant la détresse émotionnelle. Cela est d’autant plus important que le stress chronique peut réduire le contrôle de soi et augmenter les risques de comportements inadaptés[24] .


Hypersexualité et comportements sexuels compulsifs

L’hypersexualité est une manifestation bien documentée, bien que peu fréquente, chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Sa prévalence varie entre 1,7 % et 3,5 % selon les études[25][26][27] .

Elle se manifeste par une augmentation incontrôlable du désir sexuel, pouvant prendre des formes diverses : pensées sexuelles envahissantes, besoin fréquent ou excessif de rapports, recours compulsif à la pornographie, sollicitations répétées du partenaire, appels à des lignes érotiques, contacts avec des travailleur·ses du sexe, etc.

Dans certains cas, des comportements plus atypiques ont été rapportés : masturbation compulsive, voyeurisme, fétichisme, sadomasochisme, voire dans de très rares cas, des conduites transgressives telles que l’exhibitionnisme, le frotteurisme ou des attirances déviantes (pédophilie, zoophilie)[28] .

Ces troubles peuvent être profondément déstabilisants pour les personnes concernées comme pour leurs proches. Le couple est souvent mis à rude épreuve : les partenaires peuvent ressentir un choc, de la détresse ou une perte de repères face à un comportement inhabituel. La famille aussi peut être impactée, notamment lorsque les comportements franchissent certaines limites sociales ou juridiques.

Les risques associés ne sont pas seulement relationnels : ils incluent aussi des problèmes de santé sexuelle (IST, grossesses non désirées), des conséquences juridiques (accusations de harcèlement, comportements inappropriés en public), et une altération du jugement favorisée par certains traitements.

Plusieurs facteurs peuvent contribuer à l’apparition de l’hypersexualité chez les personnes parkinsoniennes :

    ● l’introduction ou l’augmentation des agonistes dopaminergiques,
    ● le syndrome de dysrégulation dopaminergique,
    ● des antécédents de troubles addictifs (alcool, drogues),
    ● des troubles psychiatriques associés,
    ● ou encore la présence d’autres troubles du contrôle des impulsions (comme les jeux, les achats ou l’hyperphagie).

Il est donc impératif de détecter et de traiter l'hypersexualité le plus tôt possible.

L’évaluation repose sur l’entretien clinique mais peut être facilitée par des outils de dépistage spécifiques, comme le PD-SAST (Parkinson’s Disease – Sexual Addiction Screening Test), un questionnaire conçu pour repérer l’hypersexualité dans ce contexte[29] .


Le PD-SAST (Parkinson's Disease-Sexual Addiction Screening Test)

Le PD-SAST est une version simplifiée du questionnaire SAST, qui ne compte que 5 questions. A chacune de ces questions, la réponse "oui" compte pour un point et la réponse "non" compte pour zéro.
Un score à ce test supérieur ou égal à 2 signifie que l'on peut poser le diagnostic d'hypersexualité.
Un score inférieur à 2 signifie qu'on est face à un autre type de comportement sexuel problématique (inquiétude sexuelle sur dysfonction sexuelle sous-jacente, divergence de désir sexuel avec le partenaire après rétablissement du désir ou syndrome d'excitation génitale persistante).

Questionnaire PD-SAST
D'après Pereira et al. Screening hypersexuality in Parkinson's disease in everyday practice. Parkinsonism and Related Disorders, Elsevier, 2013, 19 (2), pp.242-246.

Le traitement de l'hypersexualité nécessite l'implication d'une équipe interdisciplinaire.

Elle peut inclure :

    ● une réévaluation du traitement dopaminergique, en collaboration avec le neurologue,
    ● un accompagnement sexologique ou psychothérapeutique,
    â—Ź une information claire et bienveillante Ă  destination du patient et de son entourage,
    ● et, si nécessaire, une orientation vers un psychiatre pour évaluer la pertinence d’un traitement médicamenteux adjuvant.

Troubles du comportement sexuel secondaires à un syndrome d'excitation génitale persistant

Un quatrième type de comportement sexuel problématique chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson est lié à ce que l’on appelle le syndrome d’excitation génitale persistante (ou PGAD – Persistent Genital Arousal Disorder). Ce trouble rare, mais très invalidant, se caractérise par une sensation d’excitation sexuelle persistante, intrusive, non désirée et indépendante de tout désir sexuel ou de toute stimulation sexuelle appropriée.

Le PGAD peut s’accompagner de sensations génitales désagréables, parfois douloureuses, évoquant une montée orgasmique continue, sans aboutissement satisfaisant, ce qui engendre une grande détresse psychique. Contrairement à l’hypersexualité, le PGAD ne reflète pas une recherche active de comportements sexuels, mais plutôt une tentative d’apaisement d’un inconfort ressenti comme insupportable.

Ce syndrome a été signalé dans certains cas de maladie de Parkinson, généralement en lien avec une dérégulation dopaminergique, des lésions ou dysfonctionnements des voies sensorielles centrales ou périphériques, ou encore des troubles anxieux ou dépressifs associés. L’association entre PGAD et traitement dopaminergique n’est pas encore bien élucidée, mais certains auteurs évoquent une possible implication des agonistes dopaminergiques ou de fluctuations motrices avancées.

Le diagnostic repose avant tout sur l’interrogatoire clinique détaillé, car les personnes concernées hésitent souvent à en parler spontanément. Ces symptômes sont parfois confondus avec des manifestations d’hypersexualité, alors qu’il s’agit de deux phénomènes distincts, aux implications cliniques très différentes.

La prise en charge du PGAD chez les patient·e·s atteint·e·s de la maladie de Parkinson doit être individualisée et multidisciplinaire.

Elle peut inclure :

    ● une évaluation neurologique approfondie,
    ● une consultation sexologique pour différencier clairement les types d’excitation,
    ● un accompagnement psychologique, notamment si une composante anxieuse est identifiée,
    ● une adaptation du traitement médicamenteux antiparkinsonien, si une corrélation temporelle est suspectée,
    ● et, dans certains cas, des approches complémentaires (techniques de relaxation, thérapies corporelles, etc.).

L’identification du PGAD est essentielle car, mal interprété, ce trouble peut être à l’origine d’incompréhensions, de tensions conjugales ou de prises en charge inadaptées, notamment lorsque l’entourage ou les professionnels de santé y voient à tort un comportement sexuel compulsif.


Organigramme d'évaluation et de décision

Gila Bronner, Sharon Hassin-Baer et Tanya Gurevich ont développé en 2017 un organigramme d'évaluation et de décision pour la prise en charge des comportements sexuels problématiques dans la Maladie de Parkinson, en se basant sur les résultats du test PD-SAST[30] .

comportements sexuels problématiques parkinson
Organigramme d'évaluation et de décision pour la prise en charge des comportements sexuales problématiques dans la Maladie de Parkinson. D'après Bronner et Al. Traduit et mise en forme par Sexoblogue.fr

Conclusion

Les troubles du comportement sexuel dans la maladie de Parkinson sont encore trop souvent sous-reconnus, mal compris ou réduits à leur seule dimension « gênante ». Pourtant, ils traduisent une souffrance réelle, tant pour les personnes atteintes que pour leurs partenaires. Leur diversité – allant de l’insatisfaction sexuelle à l’hypersexualité, en passant par les divergences de désir ou les syndromes d’excitation persistante – invite à une lecture fine, contextualisée, et respectueuse de chaque parcours.

Il ne suffit pas de détecter ces comportements : il est indispensable d’en explorer l’origine, les mécanismes, et les impacts relationnels et émotionnels. Une approche intégrée, associant neurologues, sexologues, psychologues, soignant·e·s de proximité et partenaires de vie, permet souvent de proposer des ajustements thérapeutiques simples, mais significatifs.

En intégrant plus systématiquement la dimension sexuelle dans l’évaluation et le suivi des personnes atteintes de la maladie de Parkinson, on ouvre un espace de parole nécessaire et on contribue à restaurer une part essentielle de la qualité de vie.



Références

  1. [1] Chaudhuri et al. (2006) International multicenter pilot study of the first comprehensive self-completed nonmotor symptoms questionnaire for Parkinson’s disease: The NMSQuest study. Mov Disord, 21, 916-923.
  2. [2] Kotkova & Weiss (2013) Psychiatric factors related to sexual functioning in patients with Parkinson’s disease. Clin Neurol Neurosurg, 115, 419-424.
  3. [3] Kummer et al. (2009) Loss of libido in Parkinson’s disease. J Sex Med, 6, 1024-1031.
  4. [4] Bronner et al. (2015) Sexuality in patients with Parkinson’s disease, Alzheimer’s disease, and other dementias. Handb Clin Neurol, 130, 297-323.
  5. [5] Bronner et al. (2004) J Sex Marital Ther, 30, 95-105.
  6. [6] Bronner et al. (2004) J Sex Marital Ther, 30, 95-105.
  7. [7] Wielinski et al. (2010) J Sex Med, 7(4 Pt 1), 1438-1444.
  8. [8] Bronner et al. (2014) Parkinsonism Relat Disord, 20, 1085-1088.
  9. [9] Politis et al. (2010) Mov Dis, 25, 1646-1651.
  10. [10] Sakakibara et al. (2001) Auton Neurosci, 92, 76-85.
  11. [11] Solla et al. (2015) Mov Disord, 30, 604-613.
  12. [12] Bronner et al. Sexual Preoccupation Behavior in Parkinson’s Disease. J Parkinsons Dis. 2017;7(1):175-182. doi:10.3233/JPD-160926.
  13. [13] Bronner G, & Hassin-Baer S (2012) Exploring hypersexual behavior in men with Parkinson’s disease: Is it compulsive sexual behavior? J Parkinson’s Dis, 2, 225-234.
  14. [14] Sakakibara et Al. (2001) Questionnaire-based assessment of pelvic organ dysfunction in Parkinson’s disease. Auton Neurosci, 92, 76-85.
  15. [15] Bronner G, & Hassin-Baer S (2012) Exploring hypersexual behavior in men with Parkinson’s disease: Is it compulsive sexual behavior? J Parkinson’s Dis, 2, 225-234.
  16. [16] Bronner G, & Hassin-Baer S (2012) Exploring hypersexual behavior in men with Parkinson’s disease: Is it compulsive sexual behavior? J Parkinson’s Dis, 2, 225-234.
  17. [17] Montejo et Al. (2001) Incidence of sexual dysfunction associated with antidepressant agents: A prospective multicenter study of 1022 outpatients. J Clin Psychiatry, 62(Suppl 3), 10-21.
  18. [18] Christopherson et Al. (2006) A comparison of written materials vs. materials and counselling for women with sexual dysfunction and multiple sclerosis. J Clin Nurs, 15, 742-750.
  19. [19] Giladi et Al. (2007) New onset heightened interest or drive for gambling, shopping, eating or sexual activity in patients with Parkinson’s disease: The role of dopamine agonist treatment and age at motor symptoms onset. J Psychopharmacol, 2, 501-506.
  20. [20] Grun et Al. (2016) Contributory factors to caregiver burden in Parkinson Disease. Am Med Dir Assoc, 17, 626-632.
  21. [21] Atlantis E, & Sullivan T (2012) Bidirectional association between depression and sexual dysfunction: A systematic review and meta-analysis. J Sex Med, 9, 1497-1507.
  22. [22] Willoughby BJ, & Vitas J (2012) Sexual desire discrepancy: The effect of individual differences in desired and actual sexual frequency on dating couples. Arch Sex Behav, 41, 477-486.
  23. [23] Willoughby et Al. (2014) Exploring the effects of sexual desire discrepancy among married couples. Arch Sex Behav, 43, 551-562.
  24. [24] Delaney et Al. (2012) Impulse control disorders in Parkinson’s disease: A psychosocial perspective. J Clin Psychol Med Settings, 19, 338-346.
  25. [25] Weintraub et Al. (2010) Impulse control disorders in Parkinson disease: A cross-sectional study of 3090 patients. Arch Neurol, 67, 589-595.
  26. [26] Voon V, & Fox SH (2007) Medication-related impulse control and repetitive behaviors in Parkinson disease. Arch Neurol, 64, 1089-1096.
  27. [27] Bostwick et Al. (2009) Frequency of new-onset pathologic compulsive gambling or hypersexuality after drug treatment of idiopathic Parkinson disease. Mayo Clin Proc, 84, 310-316.
  28. [28] Cannas et Al. (2007) Aberrant sexual behaviors in Parkinson’s disease during dopaminergic treatment. J Neurol, 254, 110-112.
  29. [29] Pereira et al. Screening hypersexuality in Parkinson’s disease in everyday practice. Parkinsonism and Related Disorders, Elsevier, 2013, 19 (2), pp.242-246. ⟨10.1016/j.parkreldis.2012.10.017⟩
  30. [30] Bronner et Al. Sexual Preoccupation Behavior in Parkinson's Disease. J Parkinsons Dis. 2017;7(1):175-182. doi: 10.3233/JPD-160926. PMID: 27802244.

Merci pour votre lecture. Si cet article vous a plu, n'oubliez pas de le partager sur vos réseaux sociaux :

Partager :

Actualités du web sur le même sujet
[JNPN] Hypersexualité et maladie de Parkinson: une approche distincte selon l’âge
Une étude présentée aux JNPN 2024 révèle que l’hypersexualité chez les patients parkinsoniens jeunes est souvent causée par les agonistes dopaminergiques, alors qu’elle est liée à la démence chez les plus âgés. La prise en charge inclut la prévention, l’ajustement des traitements, voire des interventions plus invasives en cas de comportements graves.
[Univadis] Hypersexualité et maladie de Parkinson : une approche distincte selon l’âge
Chez les patients parkinsoniens, l’hypersexualité est liée aux agonistes dopaminergiques chez les plus jeunes, et à la démence chez les plus âgés. La prise en charge diffère en fonction de ces facteurs.
[Senior Actu] Intimité, sexualité et Parkinson : oser en parler à son médecin
Pour la journée mondiale de la maladie de Parkinson qui a lieu le 11 avril, zoom sur les troubles sexuels liés à cette maladie. En effet, les troubles en lien avec les symptômes moteurs et le handicap physique, les modifications liées à la maladie des fonctions physiologiques des organes génitaux, et psychologiques en lien avec la carence en dopamine, sont des éléments qui peuvent être à l’origine de dysfonctions sexuelles au cours de la maladie de Parkinson.
[Medisite] L’activité sexuelle pourrait aider à lutter contre la maladie de Parkinson
Avoir une vie sexuelle active pourrait améliorer la santé de certains patients atteints de la maladie de Parkinson. Tel est le résultat d’une nouvelle étude italo-britannique, publiée dans le European Journal of Neurology et dirigée par le Dr. Marina Picillo, professeur adjointe au Salerno’s Center for Neurodegenerative Diseases.
[Sciences et Avenir] Les traitements anti-Parkinsonnien pourraient rendre accro au sexe
C’est un effet secondaire potentiel des traitements anti-parkinsoniens, aux conséquences dramatiques dans une vie de couple, que des psychiatres et neurologues décrivent dans le numéro daté de mars 2015 de la revue La Presse Médicale. Le Dr Pierre Grandgenevre et ses collègues du CHRU de Lille se sont intéressés à l’impact de l’hypersexualité sur l’entourage d’un patient atteint de maladie de Parkinson. Résultat d’une incapacité à résister aux impulsions, ce trouble du comportement sexuel, affecte, selon les études, entre 2,6% et 7,2% des patients atteints de maladie de Parkinson.
Facebook
 
Twitter
 
Linkedin
 
Email
⇡ Partager cet article ⇡

➡️ Et surtout, n'hĂ©sitez pas Ă  faire connaitre nos Newsletters autour de vous en partageant ce lien : https://sexoblogue.fr/abonnement/sexolettre 😁
Ressources pour l'éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle

Si vous avez besoin de ressources pour des programmes EVRAS, téléchargez notre guide, qui vous donnera les liens vers 47 ressources gratuites

👉🏻 triĂ©es par niveau
👉🏻 et par type de ressource (brochure, boĂ®te Ă  outils, capsules vidĂ©os, jeu etc)
👉🏻 pour vous aider dans vos actions d’éducation Ă  la vie sexuelle et affective

FOuNS

FOuNS


Vous souhaitez aborder la question de la sexualité et prendre en charge les dysfonctions sexuelles de vos patients plus aisément ? Tout en ayant des réponses concrètes à leur apporter ?

Obtenez des illustrations, des animations et des exercices créés sur mesure par une équipe de sexologues grâce aux Fiches OUtils Numériques du Sexologue.


En savoir plus


Témoignages

Garantie 100% satisfait ou remboursé

Aucune crainte Ă  avoir : si vous n'ĂŞtes pas satisfait de votre achat, vous disposez de 30 jours pour vous faire rembourser sur simple demande par mail.





Besoin d'une formation spécifique ?


Vous êtes soignant ou vous travaillez dans le domaine de la santé sexuelle ? Vous auriez besoin d'une action de formation professionnelle adaptée à vos besoins ? Et finançable par les différents fonds de formation professionnelle ? C'est possible !

En répondant à ce questionnaire, vous nous aiderez à cerner aux mieux les besoins spécifiques à votre profession et à développer la formation la plus utile possible à vos besoins :)


Connaissez-vous le Sexo'Store ?
 
Une décoration unique pour votre cabinet

Ajoutez une touche ludique et pédagogique à votre décoration grâce à nos posters de qualité premium, nos affiches encadrées, nos toiles et nos accessoires qui ne manqueront pas d’égayer votre cabinet.

5 euros de réduction aux abonnés à la Sexolettre avec le code SEXOLETTRE
Des outils pédagogiques indispensables pour votre pratique

Découvrez nos vulves et clitoris 3D, parfaits pour l’éducation et la sensibilisation à l’anatomie sexuelle. Ces modèles réalistes, proposés en différentes textures et couleurs, facilitent l’explication des concepts anatomiques et renforcent l’impact pédagogique lors de vos consultations, pour une meilleure compréhension des patients.

 
Si vous souffrez de difficultés dans votre vie affective, relationnelle ou sexuelle, vous serez peut-être également intéressé par l'un de ces programmes

♂ Si vous êtes un homme :

♀ Si vous êtes une femme :

➡️ De plus, vous pouvez également bénéficier d'une réduction de -10% sur 'achat de dilatateurs vaginaux Wagivell si vous les achetez en ligne sur le site de Bivea Médical.
Pour profiter de ce code de réduction :
  1. Rendez-vous sur le site de bivea-médical
  2. Choisissez le pack de dilatateurs de votre choix et mettez les dans le panier
  3. Au moment de régler votre achat, entrez le code X57QA10 en dessous de la case « Vous avez un code promo ? »

 
Nous avons un service Ă  vous demander, !

Pouvez-vous prendre quelques secondes pour répondre à un très court questionnaire ?

Cela nous permettra d'améliorer le contenu que nous vous proposons et de le rendre plus pertinent, mieux adapté à vos besoins.

Merci d'avance.
A bientĂ´t :)

Dr Arnaud ZELER - Mme Catherine TROADEC
SAS SEXOBLOGUE
610 Avenue de l'Aérodrome
74190 PASSY
France
 
⇣ Êtes-vous abonné à nos réseaux sociaux ? ⇣
Facebook
 
Twitter
 
Linkedin
 
Youtube
 
Instagram
⇡ Cliquez ici pour nous suivre ! ⇡
 
 

Email Marketing par ActiveCampaign